Un drapeau pour le Québec
Le 21 janvier 1948, le Fleurdelisé devient le drapeau officiel du Québec à l’initiative de l’Assemblée Législative de la province (l’actuelle Assemblée Nationale du Québec).
Comme la province canadienne du Québec relève du Commonwealth britannique, ce choix doit être agréé par le roi d’Angleterre. C’est chose faite le 9 mars 1950.
De Capet à Québec
Le drapeau de la « Belle Province » (surnom du Québec) rappelle la monarchie capétienne qui régna sur la France pendant huit siècles. D’ailleurs, ce drapeau aux quatre fleurs de lys est adopté le jour anniversaire de l’exécution du roi Louis XVI.
Les fleurs de lys, emblème de la dynastie, sont apparues au XIIe siècle, sous le règne de Louis VII, époux malheureux d’Aliénor d’Aquitaine. Elles ornaient la bannière d’azur brandie par l’écuyer du roi lors des batailles.
La croix blanche sur fond bleu que l’on voit sur le drapeau du Québec est apparue quant à elle sur les navires français au temps de Jacques Cartier et de François 1er.
L’idée d’un drapeau propre au Québec est née à la Saint-Jean du 24 juin 1848, lorsque les habitants ont défilé avec émotion derrière une bannière qu’aurait brandie Montcalm à sa dernière bataille : le Carillon.
Combinant ces souvenirs, un certain Elphège Filialtrault, curé à Saint-Jude, conçoit la future bannière fleurdelisée le 26 septembre 1902.
Celle-ci est donc adoptée par les députés québécois et, près de trente ans plus tard, en 1977, les Québécois complètent leurs symboles identitaires en faisant de la Saint-Jean (24 juin) leur fête nationale.
Depuis lors, cette journée donne lieu chaque année à de grandes réjouissances sous le signe du Fleurdelisé : défilés, agapes, danses, musique et bien sûr feux d’artifice.
Source : https://www.herodote.net/21_janvier_1948-evenement-19480121.php
Proclamé par le gouvernement du Québec en 1948, le drapeau québécois vise à rappeler les racines françaises de la population. Il est également porteur d’une riche tradition. Retraçons l’histoire de cet emblème, communément appelé fleurdelisé, en rappelant l’origine de ses symboles et les étapes qui ont mené à son adoption, dont l’époque du régime français et du régime britannique.
La signification des symboles sur le drapeau du Québec
Les éléments apparaissant sur le fleurdelisé ont une riche symbolique :
- La fleur de lys : L’appropriation de la fleur de lys par la monarchie remonte au Moyen Âge. Dès cette époque, les rois reproduisent cet emblème floral, qui est en fait un iris jaune, sur leur blason et leurs sceaux. Ainsi, le lys apparaît sur les croix plantées par Jacques Cartier au nom du roi François 1er dans la baie de Gaspé en 1534 et à Stadaconé (Québec) en 1536. La tradition catholique associe en outre la fleur à la Vierge Marie.
- La croix blanche : La croix blanche apparaît à l’époque des Croisades et s’impose notamment dans le contexte de la guerre de Cent Ans face à la croix rouge anglaise. Vers 1535, la marine marchande française commence à arborer un pavillon bleu à croix blanche, dont Samuel de Champlain en atteste l’existence au début du XVIIe siècle. L’armée royale française emploie également ce motif.
- La couleur bleue : L’emploi de la couleur bleue renvoie au manteau bleu de la Vierge Marie et à la chape de saint Martin, saint patron du royaume des Francs dont la relique est alors vénérée.
L’histoire du fleurdelisé
Sous le régime britannique
À la suite de la Conquête britannique de la Nouvelle-France en 1763, les pavillons français cèdent le pas à l’Union Jack, composé de la croix de saint Georges anglaise, de la croix de saint André écossaise et, à partir de 1801, de la croix de saint Patrick irlandaise.
En marge de ce drapeau officiel, qui subsistera jusqu’au 20e siècle au Canada, les francophones tentent de se donner un emblème propre à eux. En 1832, des comités de patriotes adoptent un drapeau vert, blanc et rouge. Associé aux rébellions qui secouent le Bas-Canada (Québec) en 1837 et en 1838, il est délaissé peu après. Les célébrations entourant le passage du navire de guerre français La Capricieuse à Québec et à Montréal en 1855 contribuent à populariser le drapeau bleu blanc rouge auprès de la population, qui se l’approprie.
L’ancêtre du fleurdelisé
Au début du 20e siècle, plusieurs projets de drapeaux émergent au Québec. Parmi ceux-ci figure celui mis de l’avant par Elphège Filiatrault, curé de Saint-Jude, qu’il nomme Le Carillon. Filiatrault s’inspire d’une bannière redécouverte en 1848 et qui, croit-on alors, avait été arborée en 1758 lors de la bataille de Carillon opposant les Français aux Britanniques. Aux lys pointant vers le centre et au fond bleu de la bannière, Filiatrault ajoute la croix blanche employée jadis par l’armée et la marine royale. Une variante dans laquelle apparaît en outre une représentation du Sacré-Cœur s’impose pendant quelques décennies.
L’adoption du drapeau québécois
Dans les années 1940, une vigoureuse campagne est orchestrée par des organismes patriotiques pour promouvoir le drapeau Carillon-fleurdelisé. La pression s’intensifie à partir de 1947 alors que le député René Chaloult dépose une motion invitant le gouvernement provincial dirigé par Maurice Duplessis à adopter un drapeau propre au Québec. Le 21 janvier 1948, ce dernier annonce en Chambre que le fleurdelisé, dont les lys sont redressés conformément aux principes de l’héraldique, deviendra l’emblème du Québec. Une loi adoptée deux ans plus tard officialise cette décision ministérielle.
Source : https://www.quebec-cite.com/fr/ville-quebec/drapeau-du-quebec
Déploiement et adoption
Le 21 janvier 1948, le député indépendant et militant nationaliste René Chaloult devait déposer une motion afin que l’Assemblée législative du Québec adopte un drapeau. Le premier ministre Maurice Duplessis l’a devancé et peu avant 15h ce même jour, le fleurdelisé flottait pour la première fois sur la tour du parlement à Québec.
Extrait de la déclaration de Maurice Duplessis prononcée à l’Assemblée législative le 21 janvier 1948
ATTENDU QUE le drapeau généralement connu sous le nom de drapeau fleurdelisé, c’est-à-dire drapeau à croix blanche sur champ d’azur et avec lys, soit adopté comme drapeau officiel de la province de Québec et arboré sur la tour centrale des édifices parlementaires, à Québec.
Pourtant, il y avait déjà longtemps que des Québécois réclamaient que le Québec se dote d’un étendard officiel. Les Sociétés Saint-Jean-Baptiste utilisaient déjà un drapeau ressemblant fort au fleurdelisé lors des défilés de la Saint-Jean. En novembre 1946, René Chaloult a déposé cette motion à l’Assemblée législative.
ATTENDU QUE l’Assemblée législative de Québec a adopté à l’unanimité une motion priant le comité parlementaire fédéral de choisir « un drapeau véritablement canadien », c’est-à-dire un drapeau qui exclut tout signe de servage, de colonialisme et que peut arborer fièrement tout Canadien sans distinction d’origine :
QUE cette Chambre invite le gouvernement de Québec à arborer sans délai, sur la tour centrale de son hôtel, un drapeau nettement canadien et qui symbolise les aspirations du peuple de cette province.
Le plus ancien drapeau du Canada
À compter de la Conquête anglaise de 1760, le drapeau britannique Union Jack est le seul drapeau officiel de tous les gouvernements au Canada. Le geste posé par le Québec en 1948 est donc sans précédent. Progressivement, les provinces anglophones vont imiter le Québec. Le Canada lui-même n’aura son drapeau qu’en 1965, soit 70 ans après la Confédération et 17 ans après le fleurdelisé.