Un homme initialement accusé de proxénétisme est dans la mire des autorités.

Source : JdM Les services frontaliers enquêtent sur une vaste fraude à l’immigration

Un immigrant rwandais accusé de proxénétisme est soupçonné par les services frontaliers de tremper dans une vaste fraude à l’immigration, où des dizaines d’étrangers auraient soumis des témoignages presque identiques pour demander un visa d’étude, puis l’asile sous des prétextes douteux.

«L’ASFC [Agence des services frontaliers du Canada] est rendue à entre 50 et 100 individus utilisant le même modus operandi afin de pénétrer illégalement au pays», a affirmé Olivier Boisvert de la Sûreté du Québec, au palais de justice de Gatineau, en août dernier. 

«Tout porte à croire qu’un plus grand nombre d’individus utilisant ce stratagème seront identifiés dans leur enquête», a-t-il ajouté. 

L’enquêteur s’exprimait lors de l’audience sur la remise en liberté de Danny Shema, accusé de proxénétisme et d’agression sexuelle sur deux jeunes filles, dont une mineure. 

Danny Shema est arrivé du Rwanda en 2019 comme étudiant, mais a rapidement demandé l’asile. Plusieurs demandes d’immigration sont très semblables à la sienne, selon les informations de l’Agence des services frontaliers du Canada. PHOTO COURTOISIE, SÛRETÉ DU QUÉBEC

On comprend grâce à son témoignage que l’enquête initiale a pris une tout autre tournure cet été, jusqu’à mobiliser l’ASFC.

L’Agence a lancé une enquête parallèle sur «un stratagème important de fraude à l’immigration et de traite de personnes dans lequel [Danny] Shema serait une tête dirigeante, ou du moins un participant actif». 

Des similitudes frappantes

À la rentrée 2019, Danny Shema est arrivé au Canada muni d’un visa pour étudier à l’Université de Lakehead, à Thunder Bay, en Ontario. Or, il n’y a jamais mis les pieds, selon l’ASFC.

L’homme de 26 ans a plutôt déposé une demande d’asile pour pouvoir rester au pays, alléguant avoir été persécuté pour son homosexualité et les positions politiques d’un membre de sa famille au Rwanda, a raconté l’enquêteur Boisvert.

L’Agence a déterminé que «la majorité des personnes rwandaises observées lors des surveillances ou liées à l’enquête» ont un parcours d’immigration semblable au sien.

Le policier Olivier Boisvert a donné l’exemple de Daniel Uwayo, accusé de publication non consensuelle d’images intimes dans le même dossier, pour démontrer «à quel point la façon de procéder est bien rodée». 

«[Uwayo] a pris un billet d’avion aller simple vers Ottawa et semblait déjà avoir un plan établi lors de son arrivée au Canada. Sa demande d’immigration est pratiquement identique, beaucoup de mots à mots, à […] celle de Danny Shema», a-t-il résumé. 

Daniel Uwayo a été arrêté en mai 2023 pour publication non consensuelle d’images intimes. Sa demande d’immigration comporte des ressemblances frappantes avec celle de Danny Shema. PHOTO COURTOISIE, SÛRETÉ DU QUÉBEC

Logés et employés

Danny Shema employait plusieurs nouveaux arrivants dans une agence de placement à son nom, en plus de s’occuper de les loger dans un motel de Renfrew, à une heure d’Ottawa. 

Certains étaient placés comme préposés aux bénéficiaires dans une résidence pour aînés connue pour ses enjeux criants de manque de personnel. 

L’établissement versait environ 80 000$ aux deux semaines pour ces services, selon le témoignage de l’enquêteur, alors que «tout indique que certains des employés n’avaient pas la formation adéquate».

Notons qu’à ce jour, aucune accusation n’a été portée contre Shema concernant les allégations de fraude à l’immigration. Ce dernier reste détenu en attendant la suite des procédures. 

Voir également : Le Canada prépare un programme de régularisation des 600 000 immigrants illégaux sans-papiers déjà présent sur le territoire

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