Jean-Yves Camus se félicite dans Charlie Hebdo de l’arrestation de Vincent Reynouard, lequel serait « parmi les belles crapules fascistes, l’un de nos plus grands négationnistes. » Ça ne veut rien dire, c’est à peine français, mais peu importe : Jean-Yves Camus a placé les mots qu’il fallait pour plaire à ses employeurs, et c’est tout ce qu’on lui demande apparemment.

Mais les mots ont un sens malgré tout. En quoi Vincent Reynouard est-il une « crapule » ? On aimerait le savoir. Cependant Jean-Yves Camus ne nous l’apprend pas. Il nous apprend, au lieu de cela, que Vincent Reynouard « est en cavale pour essayer de fuir la justice. » Cela méritait d’être dit, des fois que le lecteur ne sache pas ce que signifie être en cavale.

Jean-Yves Camus nous apprend aussi que Vincent Reynouard serait « un raté obsessionnel. » En supposant que cela veuille dire quelque chose, quel est l’intérêt de cette remarque ? Y a-t-il là une raison valable pour mettre quelqu’un en prison ?

Il est amusant de voir le torche-cul Charlie Hebdo, qui réclame pour lui-même le droit de blasphémer, de caricaturer et, en réalité, de cracher à la gueule de tout le monde (enfin, de tout le monde, pas vraiment), il est amusant, disais-je, de voir les libres penseurs de Charlie Hebdo se réjouir de l’emprisonnement de quelqu’un dont le seul crime est d’avoir exprimé son opinion sur un fait historique.

Vincent Reynouard prétend, à tort ou à raison, que les habitants d’Oradour, ceux du moins qui étaient dans l’église, n’ont pas été tués par les SS, mais par l’explosion accidentelle d’un dépôt de munitions. Là-dessus Jean-Yves Camus nous récite son catéchisme. « En août 2020, des tags négationnistes défiguraient le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), village dans lequel 642 habitants furent tués par les SS de la division Das Reich, en juin 1944. »

Un mur défiguré par un graffiti, quelle horreur, quelle souffrance ! Mais cela ne prouve rien contre les arguments de Vincent Reynouard, qui de toute façon n’est pas l’auteur de ce graffiti. Et en imaginant qu’on retrouve l’auteur de ce graffiti, va-t-on l’emprisonner aussi ?

Pour finir, Jean-Yves Camus nous apprend que « le négationnisme vraiment dangereux est aujourd’hui localisé entre Beyrouth et Téhéran, et dans tout le monde islamiste. » Il ajoute que « ce qu’il faut couper, c’est la main qui nourrit, parfois au sens propre du terme, les négationnistes européens, plus encore que ces derniers, qui sont de pauvres losers. » Bref, mettre en prison Vincent Reynouard ne suffit pas. Il faut aussi faire la guerre au Liban, à l’Iran et au « monde islamiste. » Pour venger les morts d’Oradour. CQFD.

Il paraît que Jean-Yves Camus serait converti au judaïsme, et membre du B’nai B’rith. Il travaille aussi, semble-t-il, pour le prestigieux Institut Elie Wiesel. Ah, quelle rigolade !

Bon courage M. Reynouard ! Merci pour tout ce que vous faites.

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